A La Gazette de Nîmes

Monsieur le rédacteur en Chef,

Je souhaiterais répondre à la lettre de Mr. G. Lemaire parue dans le numéro 541 sous le titre « Afghans de Calais. Pas de compassion » Je vous prie de bien vouloir insérer cette réponse dans votre rubrique « En toutes lettres ».

« Afghans de Calais : Application du droit international.

Monsieur Lemaire, je pense que vous vous égarez beaucoup à propos des Afghans de Calais. Vous dites n’éprouver aucune compassion à leur égard. L’humanité est pourtant l'un des traits qui nous distingue le plus des bêtes.Aussi je vous propose de réfléchir à ces quelques arguments,car la raison et l'intelligence ont beaucoup fait progresser le genre humain et éviter quelques guerres. .

Depuis plusieurs semaines, Monsieur Besson avec la bénédiction de Monsieur Sarkozy, a décidé de nous exhiber ces pauvres gens pour raviver la peur et la haine de l’étranger dans nos chaumières à des fins bassement électoralistes.Pourtant ces Afghans, comme tous les sans papiers, ne demandent qu’une chose : l’application des articles 13, 14 et 15 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme que notre pays a ratifié à l’ONU.

Article 13.

T Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l'intérieur d'un État.

T Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays.

Article 14.

D Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l'asile en d'autres pays.

Article 15.

T Tout individu a droit à une nationalité.

Nul ne peut être arbitrairement privé de sa nationalité, ni du droit de changer de nationalité.

Les migrations humaines sont un phénomène aussi ancien que l’humanité.

L’ONU estime qu’il y a actuellement 200 millions d’immigrés dans le monde, dont 25% sont dans les pays développés, ce chiffre augmente de 2% par an.

Ses experts prévoient que 150 millions vont immigrer prochainement du fait des changements climatiques que les mêmes pays développés provoquent.

Nos pays riches sont aussi en grande partie responsables du sous-développement des pays du Sud, de la famine qui touche un milliard de personnes et fait mourir un enfant toutes les 5 secondes. L’Afghanistan est en guerre depuis trente ans.

Depuis 8 ans, les troupes de l’OTAN dirigées par les USA (65 000 militaires US, 35 000 alliés dont 3 000 français) occupent et bombardent ce pays pour soi-disant ramener la démocratie. 165 milliards d’euros pour les seuls Etats-Unis ont déjà été engloutis. La plupart ont été détournés par la corruption massive et pas seulement Afghane. Le commerce de l’opium n’a jamais été aussi florissant et fournit 90% du marché mondial.

Le coût d’un soldat français est estimé à 150 000 euros par an. Cette guerre n’a pas de sens. Nous y sommes considérés comme des forces d’occupation.

Comment un jeune Afghan peut il s’épanouir, s’éduquer, travailler dans un tel contexte ?

Doit il rester chez lui pour cultiver de l’opium ou s’enrôler avec les talibans pour lutter contre les occidentaux ?

Oui nous devons les aider à prendre leur destin en mains. Pour cela le retrait des troupes, le désarmement et la reconstruction démocratique sont les seules solutions.

En attendant, ne jetons pas la pierre à ceux qui, au péril de leur vie, traversent les frontières, les mers, nos pays en quête d’un meilleur immédiat. La plupart d’entre eux veut simplement traverser la France pour se rendre en Grande Bretagne où ils exerceront des petits boulots mal payés.

Rappelons que la somme des envois d’argent d’immigrés vers leur pays d’origine dépasse de loin le total des aides internationales.

Laissons-les circuler comme le prévoient les traités que nous avons signés et cessons de les utiliser dans ces campagnes xénophobes indignes qui salissent l’honneur et l’image de la France. »

Je vous prie de croire, Monsieur le rédacteur chef, en l’assurance de ma considération.

TRUDDAIU pietro Immigré et militant PCF Nîmes